Les libellules du Parc scrutées à la loupe

Mis à jour le 23 août 2024
16 PNR Perigord Limousin LIBELLULE 2 0 ©© PNR Périgord-Limousin

On estime aujourd’hui à 8 millions le nombre d’espèces animales et végétales différentes sur Terre, dont une grande partie demeure inconnue. Toutes interagissent entre elles dans un équilibre complexe, auquel l’Homme est intimement lié. La connaissance de ces espèces représente donc un enjeu majeur et est un préalable indispensable à leur préservation et leur valorisation.

Le Parc naturel régional Périgord-Limousin mène depuis de nombreuses années des missions d’inventaires, pour connaitre davantage la faune et la flore, qui peuple son territoire. Après les chauves-souris, les milieux naturels (catalogue des végétations), les moules d’eau douce (dont la Moule perlière) et les écrevisses à pieds blancs, le Parc coordonne aujourd’hui la création d’un Atlas des Odonates, destiné à parfaire l’inventaire des libellules et demoiselles présentes sur le Périgord-Limousin et à enrichir les connaissances actuelles en matière de répartition géographique de ces espèces.

Un travail essentiel…

Les odonates sont un ordre d’insectes qui regroupe deux sous-ordres : les demoiselles et les libellules. A ce jour, 60 espèces d’odonates ont été recensées sur le périmètre du Parc. Or, parmi elles, certaines sont menacées d’extinction voire en danger critique d’extinction. C’est semble-t-il le cas de Macromia splendens, l’une des espèces d’Odonates les plus rares d’Europe, qui n’aurait été officiellement observée qu’une seule et unique fois sur le territoire du Parc (source : Muséum national d’Histoire naturelle). Par ailleurs, la présence ou l’absence de certaines espèces peuvent être des indicateurs du changement climatique. Certaines semblent en effet profiter des hausses des températures pour coloniser le territoire. C’est le cas du Trithémis annelé (Trithémis annulata), une espèce méridionale qui a récemment été observée en Haute-Vienne, dans le cadre de cet inventaire.

Cependant, la répartition des données existantes en Périgord-Limousin semble relativement hétérogène avec peu d’observations dans le nord de la Dordogne notamment autour des plateaux jumilhacois. Il existe donc un enjeu à poursuivre l’acquisition de connaissance à l’échelle du territoire du PNR. Elle permettra une meilleure prise en compte de ces espèces dans les politiques environnementales locales. En effet, de nombreuses menaces pèsent aujourd’hui sur les Odonates du Périgord-Limousin : curage des cours d’eau, embroussaillement, pollution, destruction des petits cours d’eau, déboisement des rives…

…partenarial…

Pour mener ce travail d’inventaire, le Parc fait appel à deux prestataires. La Ligue de Protection des Oiseau (LPO) et la Société d’Odonatologie du Limousin (SOL), travaillent ainsi conjointement pour identifier et cartographier les odonates du territoire. Des inventaires de terrain sont menés par les deux structures au printemps, à l’été et à l’automne, sur les cours d’eau, les zones humides, les mares et les plans d’eau du Parc. Cette répartition des inventaires sur le long terme, permet d’identifier les individus en phase adulte, (individus volants ou posés), par capture au filet et/ou identification visuelle, mais également en phase larvaire, grâce à des collectes dans le milieu aquatique ou par ramassage des exuvies* sur berges. Les inventaires en phase larvaire sont en effet indispensables pour connaître finement la répartition des espèces et mettre en place des actions de conservation efficaces.

Lors de ce travail d’inventaire, une attention particulière est portée aux 7 espèces à enjeux précisées par le CEN Nouvelle-Aquitaine, animateur du Plan Régional d’Actions Odonates Nouvelle-Aquitaine.

…et de longue haleine

Débuté en 2023, cet inventaire devrait durer 3 ans. La première année a permis d’observer 83% des espèces connues sur le territoire du Parc et d’accroitre sensiblement les connaissances sur leur répartition géographique. Le bilan des inventaires 2023 est consultable ci-dessous. L’année 2024 permettra de poursuivre les efforts afin de mener des actions équivalentes sur les deux territoires.

En 2026, la dernière année du projet conduira à la production d’un atlas commenté des odonates du Parc. L’ouvrage précisera les espèces présentes et attendues par milieux et aires géographiques associées. Quelques sites majeurs à fort enjeux de conservation y seront également présentés.

Ce projet bénéficie du soutien financier de l’Europe, de l’Etat et de la Région Nouvelle-Aquitaine.

* Exuvies : enveloppe que le corps de l’animal a quittée lors de la mue ou de la métamorphose.

Lire le bilan des inventaires 2023