Prendre en compte la biodiversité lors de la rénovation du bâti ancien
Le 14 octobre dernier, le Parc naturel régional Périgord-Limousin a animé une journée de rencontre technique sur « la prise en compte de la biodiversité dans le bâti ancien », en partenariat avec le Groupe Mammalogique et Herpétologique du Limousin et la Ligue de Protection des Oiseaux. Cette journée, organisée avec le concours de la mairie de Les Cars, a compté 35 participants, d’horizons très variés : techniciens de l’Etat, de la Région, architectes des CAUE, membres de la Fondation du Patrimoine, employés communaux ou encore élus locaux…
Des travaux qui peuvent impacter la biodiversité
De nombreuses espèces cohabitent avec l’homme au quotidien, depuis des siècles, en profitant des abris que leur offrent notre patrimoine bâti et nos ouvrages d’art. En Périgord-Limousin, nous retrouverons particulièrement l’hirondelle de fenêtres sous nos avant-toits, les martinets noirs ou faucons crécerelles dans nos toitures, ou encore les moineaux et mésanges dans de petits joints de nos murs en pierre… Sans oublier les emblématiques rapaces nocturnes dans les combles et greniers de nos grands bâtiments, comme les églises des campagnes.
Du fait de cette cohabitation, plusieurs groupes faunistiques en déclin avéré sont directement impactés par les travaux ou projets de réhabilitation réalisés sur le patrimoine bâti. Le double enjeu est donc de sensibiliser les différents acteurs concernés pour promouvoir des rénovations qui soient vertueuses pour le bâti tout en prenant en compte les besoins des espèces qui y vivent.
Des solutions concrètes
La journée de sensibilisation proposée la semaine dernière s’inscrivait dans le cadre du Plan Régional d’Action des Chiroptères de Nouvelle-Aquitaine. Les intervenants y ont abordé le cycle de vie des chiroptères (chauve-souris) et leur lien avec le bâti, ainsi que quelques autres espèces ornithologiques du Périgord-Limousin particulièrement concernées par ce type d’habitat ancien.
Au cours de la journée, Patrice Conte, archéologue au Service Régional de l’Archéologie (DRAC Nouvelle-Aquitaine, Limoges), est intervenu pour présenter le site archéologique de Les Cars (château et écuries). Il y a détaillé les solutions mises en place pour assurer la sécurisation du site tout en tenant compte des chauves-souris qui y trouvent refuge. Ainsi, afin d’empêcher l’accès aux caves des grilles ajourées ont été installées, ce qui permet de bloquer l’accès aux visiteurs, tout en assurant le passage des chiroptères. D’autres solutions peuvent facilement être adaptées : conserver des trous de boulins, fenestrons, fissures stables, disjointements non bouchés…
La journée s’est terminée par une déambulation dans le village, à la recherche d’exemples concrets de cohabitation biodiversité/patrimoine bâti à montrer aux participants. Les échanges, riches, ont montré combien ces sujets croisés sont importants et l’importance d’une large sensibilisation sur ses sujets, par le Parc et ses partenaires.
Ressources :
- https://parc-cotentin-bessin.fr/sites/default/files/2019-06/PUBLI_20101001_ACCUEILLIR_CHAUVES_SOURIS_LEG_0.pdf
- https://www.parc-naturel-pilat.fr/wp-content/uploads/2022/12/ParcPilat_BiodivBati_4p.pdf
- https://www.loiret-nature-environnement.org/images/Biodiversit%C3%A9/Guide_nature_et_bati-web.pdf
Des espèces sauvages protégées par la loi
La réglementation française protège, entre autres, certaines espèces d’oiseaux et chauves-souris (arrêtés du 29/10/2009 et 23/04/2007) en interdisant de :
• Détruire ou enlever les œufs ou les nids
• Mutiler ces espèces, les tuer ou les capturer
• Perturber intentionnellement ces animaux dans leur milieu naturel
• Les naturaliser
• Transporter, colporter, utiliser, détenir des individus de ces espèces
• Mettre en vente, vendre ou acheter ces espèces
• Détruire, modifier ou dégrader les habitats naturels de ces espèces.
Il est fortement recommandé à tout particulier, entreprise ou collectivité qui s’apprête à mener des travaux d’être vigilant au dérangement durant les travaux, d’adapter les dates de chantier et d’anticiper.
Pour réaliser un diagnostic environnemental, il est conseillé de se rapprocher d’un écologue ou d’une association de protection de la nature pour déterminer les enjeux de biodiversité locale, quel que soit l’ampleur du projet (rôle de conseil du Parc, mais aussi de la LPO ou du GMHL par exemple…).