Une étude pour mettre en lumière l’impact de la pollution lumineuse sur les chauves-souris

Mis à jour le 2 août 2024

Depuis quelques mois, le Parc naturel régional Périgord-Limousin contribue à une étude menée par les parcs du Massif central, portant sur l’impact de la pollution lumineuse sur les chiroptères (communément appelés « chauve-souris »). Le projet, porté par l’IPAMAC (InterPArc du MAssif Central), invite à repenser nos comportements pour assurer la préservation de ces mammifères.

Discrets et parfois mal-aimés, les chiroptères n’en demeurent pas moins un maillon essentiel de la biodiversité. La France compte aujourd’hui 35 espèces de ces mammifères volants, toutes protégées. En Nouvelle-Aquitaine, 26 d’entre elles sont présentes. Mais quels sont les effets de la lumière artificielle sur ces animaux nocturnes ? C’est ce que cherchent aujourd’hui à savoir 6 Parcs naturels régionaux au travers d’une étude menée sur le Massif Central (Périgord-Limousin, Haut-Languedoc, Causses du Quercy, Grands Causses, Millevaches en Limousin et Monts d’Ardèche).

Enregistrements sonores
Depuis fin mai, un suivi naturaliste dédié à la question est donc en cours, notamment sur notre territoire. Pour se faire, des micros sensibles aux ultra-sons émis par les chiroptères sont installés chaque soir par les agents du Parc. Ces micros captent ainsi jusqu’à 10h de bande sonore, riches en enseignements.

En effet, une fois les données traitées informatiquement, leur analyse permet d’identifier les espèces présentes cette nuit-là, grâce à la forme des cris sur le sonogramme (virgule, moustache, trait droit…). Les résultats renseignent également l’activité des chiroptères sur le lieu d’enregistrement (nombre de passages, activité de chasse…).

L’impact de la lumière
L’objet de l’étude étant d’analyser les effets de l’éclairage sur les chauves-souris, deux critères principaux entrent en compte dans le choix des sites inventoriés : la modalité d’extinction des sources lumineuses (extinction totale, extinction partielle, pas d’extinction) et le type de milieu (urbain, forestier, aquatique, agricole…). La réalisation de captations sonores dans ces différentes situations permet de comparer les résultats entre eux, d’observer les liens existants entre les modalités d’éclairage et la présence plus ou moins forte d’espèces et d’en conclure les situations les plus favorables.

90 sites (45 tests et 45 témoins), situés sur 15 communes ont donc été retenus pour cette étude, avec des enregistrements en cours à Mareuil en périgord, La Coquille, Cheronnac, Cussac, Rochechouart, Saint-Cyr et Saint-Estèphe notamment.

Par ailleurs, afin de compléter les informations à leur disposition, les agents se munissent de luxmètres afin de mesurer l’éclairement lors de la pose des micros.

Réenchanter la nuit
Ce suivi est également l’occasion de sensibiliser les habitants à l’importance de la biodiversité nocturne et aux impacts de l’éclairage artificiel sur leur environnement. Dans un contexte généralisé de dérèglement climatique et d’érosion de la biodiversité, réenchanter la nuit apparait comme une nécessité permettant à la fois d’aller vers une plus grande sobriété énergétique et de préserver les espèces menacées par la pollution lumineuse.

C’est d’ailleurs dans cette optique que le PNR Périgord-Limousin travaille à l’établissement d’une trame noire* sur son territoire et candidate au label de Réserve internationale de ciel étoilé (RICE).

Une étude partenariale
Impulsée par l’IPAMAC, l’étude bénéficie du support du bureau d’étude Asselia. De nombreux autres partenaires sont associés à la démarche, notamment les syndicats d’énergie qui fournissent les données sur l’éclairage public. Par ailleurs, le PNR Périgord-Limousin a pu compter sur le soutien matériel de la LPO, afin de se procurer les enregistreurs nécessaires à cette étude.

* Trame noire : Continuité spatiale caractérisée par une certaine obscurité et empruntée par les espèces nocturnes.